Crise du jeu vidéo: licenciements massifs, précarité croissante et studios en péril. Ce modèle néolibéral, dominé par un marché mondial en tension, peine à survivre. Entre instabilité financière et dérives managériales, l’industrie doit-elle s’inspirer du cinéma pour éviter l’effondrement?
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Crise du jeu vidéo: vague de licenciements et avenir incertain
La crise du jeu vidéo s’accentue avec des licenciements massifs et une instabilité inquiétante. En l’espace de deux ans, ce sont 24 000 emplois qui ont été supprimés, laissant les développeurs face à un avenir incertain. Derrière ces chiffres, la réalité est brutale : des studios ferment, des employés enchaînent les contrats précaires et l’insécurité de l’emploi s’intensifie. Qu’il s’agisse de géants comme Microsoft, Electronic Arts, Sony et Netflix, ou de studios indépendants, personne n’est épargné. Dans ce contexte, les travailleurs du secteur doivent composer avec une pression croissante, des conditions de travail difficiles et un manque de perspectives. La plateforme Gaming Layoffs témoigne en temps réel de l’ampleur de cette situation, reflétant une industrie au bord du gouffre.
Quelles sont les conséquences du néolibéralisme dans le monde du gaming
L’évolution du marché mondial du jeu vidéo s’est inscrite dans un modèle du type néolibéralisme, qui façonne encore aujourd’hui son organisation. À la différence du cinéma, qui s’est structuré sur un système fordiste favorisant la stabilité et la protection des travailleurs, l’industrie vidéoludique a opté pour une approche centrée sur la flexibilité et la rentabilité. Dès les années 70, elle a adopté un fonctionnement fragmenté, où les studios de développement sont éclatés et soumis aux logiques des fonds financiers. Des entreprises comme Ubisoft, Activision et Electronic Arts illustrent cette dynamique, reposant sur des structures éclatées et une gestion du personnel minimaliste. Privés de véritables protections, les travailleurs subissent la précarité du marché, dépendant des fluctuations économiques et des choix stratégiques des investisseurs. Ce modèle, qui a longtemps permis une croissance rapide, montre aujourd’hui ses limites, laissant place à une industrie plus instable que jamais.
Les travailleurs dénoncent la précarité et exigent de meilleures conditions
Alors que la crise du jeu vidéo fragilise le secteur, les travailleurs s’organisent pour défendre leurs droits et améliorer leurs conditions. En France, le Syndicat des Travailleurs du Jeu Vidéo (STJV) est devenu un acteur clé de cette contestation, appelant à une grève nationale le 13 février 2025 pour dénoncer des salaires insuffisants et un climat professionnel délétère. Cette mobilisation s’étend bien au-delà des frontières françaises, avec des mouvements émergents au Royaume-Uni, en Corée du Sud et aux États-Unis, traduisant un malaise global. La pression exercée sur les employés a déjà été largement documentée, notamment à travers des enquêtes comme Blood, Sweat and Pixels de Jason Schreier, qui met en lumière des pratiques managériales éprouvantes. Les polémiques autour d’Ubisoft, Quantic Dream et Activision ont exacerbé les tensions, révélant un environnement souvent toxique. Loin d’être un phénomène isolé, cette révolte marque un tournant, où les travailleurs cherchent à rééquilibrer les forces face à des structures longtemps intouchables.
Un marché mondial en chute libre contrairement à celui du cinéma
La crise du jeu vidéo ne se limite pas à la situation des employés, elle s’étend à l’ensemble du marché mondial, qui traverse une période de turbulence sans précédent. Alors que l’industrie semblait en pleine expansion, les chiffres montrent une tendance inverse avec une baisse de 13 % des revenus entre 2021 et 2024, selon le cabinet Epyllion. Ce ralentissement, attribué par certains à un effet post-Covid, ne touche pourtant pas les autres industries culturelles comme le cinéma, la musique ou l’édition, soulevant des interrogations sur les véritables causes de cette dégradation. Parmi les principaux facteurs, la surproduction de jeux s’impose comme un élément déterminant. En 2024, Steam comptait plus de 100 000 titres, avec une moyenne de 365 nouvelles sorties par semaine, tandis que le marché mobile, représentant 55 % des ventes, montre des signes de stagnation. L’accumulation massive de contenus nuit à la visibilité des nouveaux jeux et complexifie la survie des studios, piégés dans un modèle où l’offre dépasse largement la demande.
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Source: https://afjv.com/news/11638_crise-jeux-video-neo-liberale.htm publié le 13 février 2025.
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