Les joueurs du monde entier sont en émoi. Face à la disparition de jeux vidéo comme « The Crew », ils ont décidé de passer à l’action. Une pétition massive a été lancée, interpellant directement les éditeurs. Mais que pensent ces derniers de cette demande de préservation ?
Les gamers lèvent le bouclier contre la disparition des jeux vidéo
Fin juillet, un collectif de joueurs a lancé une pétition européenne intitulée qui a déjà recueilli plus de 280 000 signatures. Ils demandent aux éditeurs de ne pas abandonner les titres qu’ils ne souhaitent plus maintenir, dénonçant la pratique de certains développeurs qui désactivent les serveurs en ligne après quelques années, entraînant ainsi la disparition de jeux vidéo. Selon le collectif, de plus en plus de titres sont vendus comme des biens, mais deviennent totalement injouables dès que le support prend fin, soulevant des questions sur la légalité de cette pratique.
Daniel Ondruska, porte-parole de cette initiative, s’interroge sur la normalité de priver les consommateurs de leurs achats. Si cette initiative citoyenne européenne (ICE) atteint un million de signatures d’ici le 31 juillet 2025, l’exécutif européen devra y répondre. La disparition de jeux vidéo est donc au cœur des préoccupations des gamers, qui se mobilisent pour préserver leurs titres favoris.
La fin de « The Crew » : la goutte d’eau qui a fait déborder le vase… et lancé une pétition
La disparition de jeux vidéo n’est pas une nouveauté. Jusqu’à présent, cela concernait surtout les jeux en ligne, dont la fermeture des serveurs marquait souvent la fin, comme pour “Star Wars Galaxies” (2003-2011) ou “Warhammer Online” (2008-2013). Mais ce qui a vraiment enflammé les passions, c’est quand Ubisoft, l’éditeur français, a arrêté “The Crew” le 1er avril. Ce jeu de course automobile, lancé en 2014, avait attiré près de 12 millions de joueurs en seulement deux ans. Bien qu’il ait eu plusieurs suites, “The Crew” offrait aussi une partie solo, jouable sans connexion internet.
Depuis que les serveurs ont été désactivés, le jeu ne se lance plus du tout. Pour le collectif “Stop destroying videogames”, cette mise au rebut de “The Crew” est une occasion en or de demander des comptes à l’éditeur.
Les joueurs réclament la préservation de leur patrimoine numérique
Daniel Ondruska compare ces contenus à des livres : quand on achète un livre, on peut le relire autant de fois qu’on veut. Pourquoi ne pas en faire de même avec un jeu ? C’est notre patrimoine numérique, et nous voulons pouvoir y accéder quand bon nous semble.
Imaginez-vous acheter un jeu vidéo et penser que vous en devenez le propriétaire. Cependant, comme le souligne Geoffray Brunaux, professeur de droit privé à Reims et spécialiste en droit du numérique, ce n’est pas tout à fait vrai d’un point de vue juridique.
En réalité, lorsque vous achetez un jeu, vous devenez bien propriétaire du support physique, que ce soit un Blu-ray ou une cartouche. Mais pour ce qui est du contenu du jeu, “cela reste une œuvre de l’esprit”, explique l’expert. Cela signifie que vous n’achetez pas le jeu lui-même, mais plutôt une licence d’utilisation.
Ubisoft et les autres éditeurs sous le feu des critiques
Les développeurs européens, représentés par Video Games Europe, assument la responsabilité de leurs décisions concernant la disparition de jeux vidéo en ligne. En plus du coût que représenterait le maintien de ces serveurs pour les éditeurs, l’organisation met également en avant la sécurité des utilisateurs. “Les mesures de protection mises en place pour sécuriser les données des joueurs, éliminer les contenus illégaux et lutter contre les contenus dangereux ne seraient pas possibles si nous devions faire fonctionner les jeux sur des serveurs privés”, a-t-elle déclaré à l’AFP.
En France, où la pétition contre la disparition de jeux vidéo a recueilli plus de 20.000 signatures, des voix commencent à s’élever contre cette pratique. Depuis plusieurs mois, un groupe composé de juristes, d’universitaires et de créateurs de contenu s’est constitué autour de ces questions. Contacté par l’AFP, Ubisoft n’a pas souhaité commenter la disparition de jeux vidéo.
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Avec ETX/DailyUp