Enfants accros aux jeux vidéo : un grave phénomène de société au Japon

De jeunes enfants accros aux jeux vidéo postés devant plusieurs écrans à l’occasion d’un tournoi Master duel de Yu-Gi-Oh.
Au Japon, les enfants de moins de 15 ans se perdent dans l’univers des jeux vidéo à plus de 4 heures par jour - Photographie YUICHI YAMAZAKI / AFP©

Plusieurs parents au Japon confient leur inquiétude quant à leurs enfants accros aux jeux vidéo. Ces derniers sont nombreux à tomber dans l’addiction au ludiciel au point où certains ont parfois besoin d’une désintoxication numérique. Un phénomène alarmant, mais sans mesure restrictive concrète.

Une généralisation des enfants accros aux jeux vidéo au Japon

Ces dernières années, les enfants accros aux jeux vidéo se sont multipliés à vue d’œil au Japon. Ils sont même de plus en plus nombreux à s’y mettre plus tôt et à s’y adonner plus longtemps. Une habitude qui fut d’autant favorisée avec les épisodes de confinement durant la période Covid-19. Or une telle exposition aux écrans ne peut que générer des conséquences négatives. Cela crée une forme de dépendance généralisée.

Les parents sont désemparés face à la situation. Ils ont peur que cette pratique excessive, addictive et abusive fasse de leur progéniture des « addict », des joueurs pathologiques et dépendants avec une santé mentale fragilisée. De plus, l’attitude passive de l’État et de l’industrie du ludiciel au pays face à cette problématique ne font qu’aggraver leur crainte.

Aujourd’hui, 17 % des enfants accros aux jeux vidéo de type multijoueur comme les mmorpg ont 6 à 12 ans et s’y adonnent plus de 4 heures par jour. Idem chez les jeunes adolescents de 12 à 15 ans (chiffres tirés d’une étude du ministère japonais de l’Education éditée en avril 2022).

OMS : un trouble d’addiction bel et bien réel

Bien que certaines études aient démontré quelques effets positifs du gaming chez les jeunes, il va sans dire que la forte addiction qui en découle n’a rien de sain. Certains gamers semblent présenter des problèmes comportementaux résultant de la pratique excessive de vidéoludique.

C’est pourquoi l’Organisation mondiale de la Santé a reconnu officiellement cette dépendance comme un trouble découlant de la partique gaming en 2019. Ce mal traduit une perte de contrôle sur le titre gaming qui entraîne une altération de l’individu sur plusieurs plans. Cette dégradation peut se prolonger sur au moins 12 mois après sevrage. Elle impacte sur la vie sociale, personnelle, familiale, éducative et même professionnelle.

Cela dit, ce trouble reste encore difficile à quantifier puisque les enfants accros aux jeux vidéo présentent aussi un fort intérêt pour d’autres pratiques en ligne, toutes aussi addictives. Cela inclut le visionnage de contenus en streaming et l’utilisation des réseaux sociaux.

Mesure restrictive et désintoxication numérique : où en est l’Asie ?

Le pays du soleil levant n’est pas le seul État d’Asie à avoir un problème d’enfants accros aux jeux vidéo. Ce phénomène addictif concerne tout aussi bien d’autres pays comme la Chine et la Corée du Sud. Cependant, les dispositions de contrôle diffèrent d’un pays à un autre.

Dans l’Empire Céleste par exemple, les mineurs doivent limiter leur temps d’écran à 3 heures par semaine quand ils jouent en ligne. En Corée du Sud, une restriction d’usage du gaming en ligne (de minuit à 6 heures du matin) a été appliquée pour les jeunes de moins de 16 ans. Néanmoins, cette disposition fut abrogée par manque d’efficacité. Quant au Japon, les autorités peinent à réagir et n’envisagent l’application d’aucune mesure restrictive de prévention pour le moment.

Une dépendance cachant un profond mal-être selon les parents

En dépit de leurs inquiétudes, certains parents conçoivent tout de même cette dépendance psychique au ludiciel comme la manifestation d’un mal-être. Ils adhèrent au fait que pour les enfants accros aux jeux vidéo, c’est une échappatoire, une source de dopamine et un monde virtuel salvateur. Certains y voient un refuge pour fuir l’amertume de la réalité et leur situation désolante.

Pour y remédier, le docteur Susumu Higuchi, directeur d’un centre médical contre les addictions comportementales à Kurihama (sud-ouest de Tokyo) pense qu’il suffit de donner un accompagnement psychologique à ces enfants accros aux jeux vidéo. Il ne faut pas se cantonner à une thérapie de sevrage ou un stage de désintoxication numérique drastique pour les débarrasser de cette habitude. Simple, mais efficace, on peut envisager la substitution : remplacer cette forme d’addiction par des activités collectives (sport, art, etc.) afin de se défaire de ce cercle vicieux de la dépendance.

Il déplore dans la foulée le laxisme des autorités qui préfèrent se concentrer sur la promotion gaming de leurs concepteurs fétiches comme Nintendo que de trouver une solution à ce fléau grandissant.

Pour d’autres actualités sur les jeux vidéo, rendez-vous sur notre page Instagram Prizee.

Avec ETX Daily Up

Partager

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*