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Industrie du jeu vidéo : l’Arabie Saoudite veut s’imposer dans le milieu 

Brian Ward, le patron de Savvy Games, et le prince Faiçal ben Bandar ben Sultan Al-Saoud.

Pour l'Arabie saoudite, ses investissements massifs dans l'e-sport représentent le début de sa conquête de l’industrie du jeu vidéo - Photographie Harumi OZAWA / AFPTV / AFP©

Organisant la Coupe du monde des e-sports cette année 2024, l’Arabie Saoudite espère que ce sera son billet d’entrée dans l’industrie du jeu vidéo. Le Royaume veut notamment conquérir ce marché en multipliant les investissements, les acquisitions et les partenariats avec les grands studios gaming.  

Arabie Saoudite : le pays part à la conquête du ludiciel 

Dernièrement, l’Arabie saoudite a décuplé ses investissements dans le sport électronique. Pour cause, il considère ce secteur comme une « porte d’entrée » stratégique pour dynamiser sa propre industrie du jeu vidéo.  

Comme l’explique le prince Faiçal ben Bandar ben Sultan Al-Saoud, président de l’International Esports Federation (IESF) et en charge de cette initiative, le Royaume aspire à produire des blockbusters locaux, rivalisant avec les grands titres internationaux. Entre autres, le pays souhaite générer un impact significatif dans l’univers ludiciel d’ici dix ans, en établissant non seulement un hub mondial, mais aussi régional. 

Objectif : devenir une « plaque tournante » de l’industrie du jeu vidéo 

Dans un entretien donné à l’AFP à Tokyo, le prince Faiçal ben Bandar ben Sultan Al-Saoud explique que l’Arabie Saoudite prévoit de se positionner comme une plaque tournante de l’industrie du jeu vidéo et des e-sports.  

Il ajoute même que le pays est prêt à devenir une référence mondiale dans le domaine du ludiciel. Bien que des pays comme le Japon ou la Corée du Sud soient traditionnellement associés à ces industries, il est crucial que le Royaume soit également reconnu dans ce contexte.  

Des investissements de 38 milliards de dollars pour diversifier l’économie du Royaume 

Vous l’aurez compris ! L’Arabie Saoudite désire diversifier son économie historiquement dépendante aux énergies fossiles. Il veut aussi améliorer son image en se tournant vers le ludiciel. Pour concrétiser ces ambitions, le Royaume est prêt à injecter des investissements massifs dans l’industrie du jeu vidéo. Pour cela, il dispose déjà d’une enveloppe de 38 milliards de dollars.  

Cependant, cette initiative de soft power suscite de vives critiques de la part des défenseurs des droits humains. Ces derniers rappellent que le bilan du pays en matière de droits civils, marqué par la répression des dissidents et les fréquentes exécutions, reste très controversé. Ils affirment que ces efforts peinent à masquer les problèmes de droits humains sous-jacents. Et ce, même si cette stratégie ambitieuse cherche à créer 39 000 emplois et à faire du secteur gaming 1 % du PIB national d’ici à 2030.  

Coupe du monde des e-sports : « porte d’entrée » pour le marché vidéoludique ?  

Cet été 2024, l’Arabie Saoudite organisera une Coupe du monde des e-sports. Les vainqueurs de cette compétition toucheront une dotation colossale de plus de 60 millions de dollars.  

De facto, cet événement d’envergure vise à braquer le regard des millions de fans vers le Royaume. Dans la foulée, il fera du pays une puissance incontournable dans l’univers du jeu vidéo.  

Pour le prince Faiçal ben Bandar ben Sultan Al-Saoud, l’e-sport représente la porte d’entrée de cet État de la Ligue Arabe vers une ambition bien plus vaste. En effet, le but est de construire une industrie holistique du ludiciel. Il faut envisager un écosystème complet qui englobe la production, le développement et la distribution de jeux. Cela positionnerait l’Arabie saoudite au cœur de l’économie numérique mondiale. 

Après Scopely, une série d’acquisitions majeures de studio en ligne de mire 

Pour atteindre ses objectifs, l’Arabie Saoudite a racheté le studio californien Scopely pour 4,9 milliards de dollars. Développant des jeux mobiles, celui-ci a embrassé un succès retentissant avec « Monopoly Go ». Il s’agit d’un jeu mobile ayant généré 2 milliards de dollars de recettes en seulement dix mois.  

Comme le confirme Brian Ward, ancien cadre d’Activision Blizzard et PDG de Savvy Games, une filiale du puissant Fonds d’investissement public saoudien (PIF) et au centre de la stratégie nationale dans le jeu vidéo, d’autres acquisitions majeures suivront. Il explique que c’est le moment idéal pour s’élever. Il faut chercher de bonnes équipes dans les studios gaming de sorte à conquérir le marché. Pour cause, depuis un an et demi, le Royaume peine à trouver d’autres sources de capitaux. 

Multiplier les partenariats significatifs avec les studios gaming 

Brian Ward nourrit l’espoir que Savvy Games puisse bénéficier à long terme des investissements massifs du PIF dans des studios gaming internationaux tels qu’Activision Blizzard aux États-Unis, ainsi que Nintendo et Capcom au Japon.  

Il confie que le pays souhaite établir des partenariats plus profonds avec ces géants du ludiciel. Et cela, au-delà de simples intérêts financiers. Des collaborations dans le domaine de l’e-sport ou pour renforcer leur présence au Moyen-Orient serait le bienvenu. 

Les tensions diplomatiques, notamment après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi attribué au prince héritier Mohammed ben Salmane par le renseignement américain, ont cependant nui à certains projets. De même, en 2020, les critiques contre les lois saoudiennes sur l’homosexualité ont fait capoter un partenariat entre Riot Games et la future ville NEOM.  

Un projet de production de jeux AAA pour consoles 100 % saoudien 

Au-delà de son succès avec les jeux mobiles, l’Arabie saoudite ambitionne de développer d’ici à 2030 un jeu AAA pour consoles. Celui-ci serait conçu entièrement par des talents saoudiens.  

Brian Ward soutient cette volonté de développer des licences locales et de valoriser la tradition narrative saoudienne. Il affirme que le pays possède une riche tradition de narration qui mérite d’être représentée. À ne citer que des histoires emblématiques comme Aladdin, les Mille et une nuits ou Simbad. Ces récits ont voyagé à travers le monde, mais jamais de la propre voix des Saoudiens, déplore-t-il.  

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Avec ETX Daily Up 

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