L’on dit souvent que les jeux vidéo violents alimentent l’agressivité des jeunes. Or, une étude tchèque en a relativisé les effets. Certes, les gamers qui y jouent peu semblent avoir plus d’empathie, mais cela ne signifie pas que les adeptes de cette pratique gaming deviennent irascibles au fil des séances.
Jeux vidéo violents : quel impact sur le comportement de la jeune génération de gamers ?
Publiée dans « Computers in Human Behavior », une étude tchèque a remis en question l’idée que les jeux vidéo violents rendent les jeunes plus agressifs. Elle fut menée de juin 2020 à décembre 2022 auprès de 1 052 participants qui ont complété quatre étapes.
Les chercheurs se sont basés sur le « Buss-Perry Aggression Questionnaire » pour évaluer leur agressivité et l’« Adolescent Measure of Empathy and Sympathy » pour mesurer leur empathie. In fine, ils n’ont trouvé aucune preuve que ces titres gaming augmentent l’agressivité physique des adolescents.
Cette recherche suggère que l’impact des jeux vidéo violents sur l’agressivité n’est pas aussi significatif qu’on le pensait. Et l’empathie pourrait jouer un rôle important dans ces résultats.
GTA, Hatred, Fortnite… Modifient-ils le comportement des jeunes ?
L’étude intitulée « Does violence in video games impact aggression and empathy? » a montré que jouer à des jeux vidéo violents n’augmente pas nécessairement l’agressivité des jeunes. Cette recherche, menée auprès de 3 010 adolescents tchèques, fut éditée par ScienceDirect.
Ses résultats contredisent notamment le General Aggression Model (GAM), qui suggère que l’exposition à des contenus « barbares » accroît l’agressivité et réduit l’empathie. Ils s’inscrivent dans une série d’études qui réfutent l’idée que le ludiciel peut générer de la violence chez les gamers. Certaines études ont même mis en lumière ses effets bénéfiques, tels que l’amélioration du bien-être mental ou la sensibilisation à des causes humanitaires. Ce qui explique pourquoi on remet en question les « soi-disant » effets négatifs souvent associés à ces titres sanguinaires.
Titres barbares : des effets à prendre sous deux angles, interpersonnels et intrapersonnels
Si l’on se réfère aux résultats de l’étude menée, les chercheurs ont distingué deux types d’effets : interpersonnels et intrapersonnels.
Les effets interpersonnels révèlent que les individus jouant à des jeux vidéo violents présentent des scores légèrement plus élevés en empathie cognitive et en agressivité verbale. Ce qui laisse penser qu’il existe une corrélation entre ces titres et l’agressivité du joueur, mais non une causalité directe.
En revanche, les effets intrapersonnels analysent comment les subtils changements dans les habitudes de jeu affectent son comportement au fil des séances. Dès lors, on n’a observé aucun impact significatif des jeux vidéo violents sur son agressivité physique ou son empathie.
Dès lors, ces résultats nuancent la croyance populaire selon laquelle l’exposition prolongée à la violence dans ces titres vidéoludiques modifie les comportements.
Une augmentation de l’empathie quand on joue moins à ce type de jeu ?
Malgré ces conclusions, l’étude a mis en lumière certaines nuances concernant les effets des jeux vidéo violents.
En l’occurrence, on a observé une augmentation de l’empathie chez les participants entre la troisième et la quatrième étape. Or, cela serait corrélé à une baisse de la consommation de ces titres barbares. À l’inverse, ceux ayant montré une hausse de l’agressivité physique lors de la troisième vague ont eu tendance à jouer davantage à ces titres à la quatrième étape.
Face à cela, les chercheurs précisent l’importance d’interpréter ces résultats avec prudence. Certes, l’augmentation de l’empathie affective liée à la diminution de cette pratique gaming soutient l’hypothèse de sélection. Cependant, cet effet, observé uniquement entre T3 et T4, peut varier sous l’effet de facteurs externes (autres médias, changements de l’environnement social…).
Ludiciel brutal et agressivité chez les adolescents : un rapport complexe
De ce qu’ils ont pu constater, les chercheurs soulignent la complexité de la relation entre jeux vidéo violents et agressivité. Des différences individuelles et des facteurs contextuels peuvent influencer ce rapport. Si les adolescents plus agressifs préfèrent ces titres, cela ne signifie pas nécessairement qu’y jouer à longueur de temps les rendra irascibles.
De nombreuses données antérieures ont pu être biaisées par la variabilité entre personnes. D’où l’importance de distinguer les niveaux d’analyse pour mieux comprendre les liens de cause à effet.
De plus, des facteurs extérieurs, comme la pandémie de COVID-19, ont pu influer sur l’agressivité des participants de l’étude. Durant cette période, les adolescents, souvent isolés, ont passé plus de temps sur des titres multi-joueurs pour oublier leur détresse psychologique.
Des résultats à interpréter avec prudence pour bien évaluer les impacts de cette pratique gaming
À part cela, les chercheurs ont relativisé leurs résultats en précisant que les participants avaient cité les jeux vidéo violents auxquels ils jouaient le plus. On retrouve Minecraft, Roblox, Fortnite, GTA et Brawl Stars en tête.
D’un côté, la violence de ces titres fut évaluée par des experts de « Common Sense Media » et deux évaluateurs indépendants. D’un autre côté, l’auto-évaluation des participants concernant les noms et l’ordre des jeux peut être imparfaite. Certains auraient pu très bien omettre ou oublier des titres. De plus, leur temps consacré à la pratique gaming n’a pas été mesuré.
Dès lors, les chercheurs estiment qu’il faudrait utiliser des méthodes plus objectives pour les études futures. Cela permettrait de mieux évaluer les titres joués et le temps consacré.
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Avec ETX Daily Up