Ubisoft face au rachat par Tencent : quel avenir pour le géant du jeu vidéo ?

Manette de jeu à côté d’un ordinateur sur une table.
L’avenir d’Ubisoft reste incertain. Entre opportunité financière et perte de contrôle stratégique, la communauté gamer et les investisseurs s’interrogent sur les conséquences d’un rachat par Tencent. - Crédit photo Garrett Morrow /Pexels©

Ubisoft, fleuron du jeu vidéo français, est au cœur d’un possible rachat par Tencent. Fondée par les frères Guillemot, la société traverse une crise financière qui ouvre la voie à une prise de contrôle étrangère. Cette situation suscite une forte opposition en France et soulève des enjeux stratégiques.

Ubisoft, un géant du jeu vidéo fragilisé

Ubisoft, fondé en 1986 par les frères Guillemot, est un acteur majeur de l’industrie vidéoludique. L’éditeur français s’est imposé à travers des licences emblématiques comme Assassin’s Creed, Les Lapins Crétins et Just Dance, qui lui ont permis d’acquérir une reconnaissance mondiale. Cependant, depuis quelques années, Ubisoft traverse une période difficile. Entre reports de jeux, restructurations et perte de confiance des investisseurs, la société peine à redresser la barre. En septembre 2024, son action atteint un niveau historiquement bas à 9,01 euros, illustrant les inquiétudes du marché. Face à ces difficultés, un rachat par Tencent devient une hypothèse crédible, mais une telle acquisition pose de nombreuses questions, notamment sur la souveraineté française dans le secteur du jeu vidéo.

Son rachat par Tencent : une opportunité ou une menace ?

Le géant chinois Tencent, déjà actionnaire d’Ubisoft, cherche à renforcer son emprise sur le marché du jeu vidéo. Après avoir investi dans Activision Blizzard, Epic Games et Paradox Interactive, Tencent lorgne désormais sur l’éditeur français. En devenant actionnaire majoritaire, il pourrait influencer fortement la direction stratégique d’Ubisoft. Cette prise de contrôle suscite une opposition croissante en France, notamment par crainte d’une délocalisation de la production et d’une transformation de la ligne éditoriale. De plus, Tencent étant soumis aux lois chinoises en matière de renseignement, des interrogations subsistent sur la gestion des données des joueurs. Cette situation illustre les tensions entre la volonté d’internationalisation des entreprises et la protection des intérêts nationaux.

Les frères Guillemot face à la menace d’une perte de contrôle

Les frères Guillemot, fondateurs d’Ubisoft, ont toujours défendu l’indépendance de leur entreprise. En 2018, ils avaient réussi à repousser la tentative d’acquisition hostile de Vivendi grâce à une alliance stratégique… avec Tencent. Ironie du sort, ce même partenaire pourrait aujourd’hui devenir leur principal adversaire. Une prise de contrôle progressive de Tencent fragiliserait le leadership des Guillemot et pourrait changer radicalement la philosophie d’Ubisoft. Pour certains analystes, cette situation est une opportunité d’assurer la pérennité de l’entreprise grâce à de nouveaux investissements. Pour d’autres, c’est une menace qui pourrait aboutir à une perte d’identité et à une dépendance accrue vis-à-vis du marché asiatique. Les semaines à venir seront déterminantes pour l’avenir de l’éditeur français.

L’État français peut-il émettre son opposition face à cette acquisition ?

En théorie, l’État français peut intervenir pour empêcher le rachat d’Ubisoft par un investisseur étranger, à condition que l’entreprise soit considérée comme stratégique. Or, le secteur du jeu vidéo ne figure pas sur la liste des industries protégées par la législation. Cependant, certains experts estiment que l’importance d’Ubisoft dépasse la simple production de jeux vidéo : avec près de 4 000 employés en France et une implantation mondiale, l’entreprise contribue au rayonnement culturel et technologique du pays. Le gouvernement pourrait donc adopter une interprétation élargie du cadre juridique existant pour justifier une intervention. Néanmoins, toute décision dans ce sens risquerait de tendre les relations diplomatiques avec la Chine, un partenaire commercial clé de la France.

L’éditeur de contenus vidéoludiques, un atout économique et culturel pour la France

L’impact économique d’Ubisoft est indéniable. En 2023, l’entreprise a généré un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros, contribuant largement à la croissance du marché du jeu vidéo en France, évalué à 6,1 milliards d’euros (+9,9 % par rapport à l’année précédente). Par ailleurs, Ubisoft bénéficie de soutiens publics à travers des dispositifs comme le Crédit d’Impôt Jeu Vidéo et le Fonds d’Aide au Jeu Vidéo. Une prise de contrôle par Tencent pourrait remettre en cause ces avantages, menaçant la stabilité des studios français. Mais au-delà des chiffres, Ubisoft incarne une vitrine du savoir-faire français dans l’industrie vidéoludique. Son acquisition par un acteur étranger soulève donc des questions sur la souveraineté numérique et la capacité de la France à protéger ses fleurons technologiques.

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Source : https://www.portail-ie.fr/univers/2025/le-possible-rachat/ publié le 27 janvier 2025.

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